La question de la parité hommes-femmes est depuis plusieurs années déjà au cœur des préoccupations dans de nombreux pays de par le monde. Partout le projet reste le même : construire une société plus juste et plus égalitaire où les stéréotypes discriminatoires notamment à l’endroit de la gent féminine n’ont plus droit de cité. Différents axes sont ainsi visés pour une lutte des plus acharnées contre les inégalités hommes-femmes dans toutes les sphères de la société.
À l’occasion de la commémoration de la journée internationale des droits de la femme 2021, l’ESS revient au-devant de la scène pour réaffirmer sa position et son engagement pour la parité. C’est par un communiqué de presse publié le 8 mars 2021 qu’Olivia Grégoire a annoncé une nouvelle étape dans le combat pour l’égalité genre au sein des structures de l’économie sociale solidaire.
Cet article vous propose un tour d’horizon des diverses mesures prises ainsi que des actions prévues pour 2021, pour davantage de parité dans l’économie sociale solidaire.
Le choix du 8 mars : tout un symbole
Olivia Grégoire, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, n’aurait sans doute pas eu une date plus à propos pour s’engager plus sérieusement dans la lutte pour l’égalité hommes-femmes.
En effet, la date du 8 mars représente en elle-même tout un symbole. Depuis 1911, à cette date est célébrée dans la plupart des pays du monde, la journée internationale des droits de la femme. Reconnue officiellement à l’ONU en 1977, cette journée est généralement l’occasion de s’interroger et de réfléchir sur la situation des droits de la femme dans les pays. On peut ainsi apprécier les avancées en matière d’équité-genre dans la participation au processus politique et économique dans les nations, ainsi que la réalisation des droits des femmes en général.
Premier instrument international à affirmer le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes, la charte des Nations Unies adoptée en 1945 a servi de base à une série d’actions visant l’amélioration des conditions des femmes dans le monde. Si tous les pays membres ont ratifié cette charte, il faut reconnaître que la situation des femmes dans nos États est loin d’être parfaite.
La situation de la parité en France en 2021
Beaucoup de « déclarations incantatoires » selon les propos d’Olivia Grégoire pour très peu d’actions concrètes et à fort impact. Voici le visage de la parité en France aujourd’hui.
En effet, la loi du 6 juin 2000 sur la parité a fait de la France, le premier pays à se doter d’une loi pour réaliser la parité à 50 % entre hommes et femmes aux fonctions électives. Aussi depuis 2006, la loi impose au moins 40 % de femmes dans les conseils d’Administration des entreprises inscrites au registre des sociétés anonymes. Plusieurs autres dispositifs, notamment la loi de 2011 sont venus au fil des années renforcer la dynamique vers une société plus égalitaire et plus juste.
Mais au bilan en 2021, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il reste beaucoup à faire. À la faveur de la commémoration de la journée internationale des droits de la femme ce 8 mars 2021, une proposition de loi a d’ailleurs été déposée à l’Assemblée Nationale à propos. Elle vise à imposer la présence de 30 % de femmes parmi les postes aux plus hautes responsabilités dans les entreprises de plus de 1 000 salariés d’ici 5 ans et 40 % d’ici 8 ans.
Au niveau des structures de l’économie sociale solidaire, le constat n’est pas plus reluisant, même si cette économie est constituée à 69 % de femmes. En réalité, seulement 37 % occupent la présidence d’une structure et seulement 45 % sont membres de conseils d’Administration ou de bureaux des structures de l’ESS.
Fort de ce constat, l’ESS s’engage davantage pour la parité et le fait clairement savoir par des actions fortes.
Nomination de 5 ambassadrices pour la parité
Pour opérer de profonds changements dans l’Économie sociale et solidaire, Olivia Grégoire a procédé ce 8 mars à la nomination de 5 ambassadrices pour la parité. Elles sont 5 femmes engagées et représentatives des structures de l’ESS qui auront dorénavant pour mission de défendre la parité et l’égalité hommes-femmes au sein même de l’ESS, comme l’évoque d’ailleurs le site Mediatico, média consacré à l’économie.
Il s’agit notamment de Frédérique Pfrunder (déléguée générale du mouvement associatif), Caroline Naett (secrétaire générale de Coop Fr), Laurence Lepetit (déléguée générale de France Générosités), Éva Sadoun (Co Présidente du Mouvement Impact France) et enfin Dominique Joseph (secrétaire générale de la Fédération nationale de la mutualité française, présidente de MutElles).
Les structures de l’ESS sont normalement fondées et fonctionnent sur des principes de solidarité et d’unité sociale. Il est donc important que le principe d’égalité amené par l’équation maison une personne = une voix, cesse de n’être qu’un simple slogan pour se traduire dans les faits. L’ESS est donc à priori le meilleur endroit pour commencer à expérimenter concrètement l’égalité hommes-femmes.
Une initiative prometteuse
La secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable Olivia Grégoire a lancé ce 8 mars 2021 une initiative visant clairement la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’Économie sociale et solidaire. Cette initiative entend juguler une situation pour le moins anormale, à travers 4 axes principaux : inspirer, s’engager, se former et entreprendre.
Selon les chiffres, 33 % des administratrices dans le milieu de l’économie sociale et solidaire avouent avoir été la cible de sexisme dans l’exercice de leurs fonctions. C’est dire donc que le chantier est immense, pour réussir à débarrasser l’économie sociale et solidaire de tous les clichés et stéréotypes discriminatoires qui minent le secteur.
Des travaux en profondeur sont à entreprendre, de commun accord avec les acteurs, pour définitivement enterrer les discriminations et faire de l’ESS un laboratoire pour l’égalité entre femmes et hommes. Ces travaux s’étendront sur tout 2021, affirme Olivia Grégoire, et de concert avec les 5 ambassadrices de la parité.
Dans cet élan et pour accompagner les différentes structures dans leurs réflexions sur la parité et l’égalité entre femmes et hommes, le livret EssentiELLES a été publié. Il s’agit d’un livret de conseils qui vise à offrir des perspectives en vue de favoriser l’égalité entre femmes et hommes au sein des structures de l’Économie sociale et solidaire.
Le Livret EssentiElles pour l’égalité entre femmes et hommes
Le livret EssentiElles est né des efforts conjugués d’Olivia Grégoire, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, et d’Élisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.
À travers leurs Éditos aux premières pages du livret, ces dames inspirantes clament haut et fort l’urgence d’un engagement plus sérieux au profit d’une société plus paritaire. Car, si des avancées notables sont à saluer dans la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes, des inégalités de genre persistent, et ce, même au sein de l’Économie sociale et solidaire. Or, s’il y a un secteur où il est possible de facilement inverser la tendance, c’est bien celui de l’Économie sociale et solidaire, fondé notamment sur des valeurs d’utilité sociale et d’intérêt général.
Elisabeth Moreno affirme d’ailleurs à ce propos : « De par les valeurs qui l’animent, l’ESS dispose d’atouts incomparables pour résorber les inégalités entre les femmes et les hommes. Elle se doit d’être à l’avant-garde de ce combat décrété Grande cause du quinquennat par le Président de la République ».
L’un des nombreux avantages de ce livret, c’est qu’il permet, chiffres à l’appui, de réaliser la situation précaire de la femme au sein de l’ESS (page 5). On s’aperçoit rapidement que derrière le chiffre flatteur de 69 % de femmes dans l’ESS se cache une discrimination dont on ne peut se satisfaire. En effet, elles sont seulement 45 % à être membre de conseils d’Administration, 37 % à être présidentes et surtout il est à noter un écart de salaire de 16,8 % par rapport aux hommes.
Si l’on ajoute à ce tableau le fait que 33 % des administratrices au sein de l’ESS ont déjà été la cible de propos ou de comportements sexistes dans le cadre de leur mandat, on comprend très vite l’urgence de travailler à résorber les inégalités.
Le livret propose à la page 9 les bonnes questions à se poser, pour évaluer son engagement pour un environnement de travail plus paritaire au sein de sa structure. Tous ceux qui veulent faire mieux devraient donc y trouver des options à explorer pour combattre les inégalités genre à leur niveau.
Du reste, le livret comprend plusieurs objectifs et pour chaque objectif des conseils sont donnés pour une application facile et pratique en entreprise. Les cinq objectifs sont notamment : favoriser l’élection des femmes dans les instances de gouvernance, accompagner à la vie familiale, assurer un recrutement égalitaire, promouvoir la culture de l’égalité dans votre politique de gestion des ressources humaines et de gouvernance et garantir l’égalité salariale.