Lorsque l’on évoque le quartier du Sentier, impossible de ne pas penser à sa multitude de magasins de tissus, grossistes de vêtements ou industriels du textile. Pourtant, ce quartier, dont un des emblèmes est l’Oasis d’Aboukir, possède une histoire tumultueuse et populaire qui remonte au Moyen-Age.
La Cour des Miracles du Sentier
Au Moyen-Age, le quartier est considéré comme l’endroit le plus dangereux de Paris. Les soldats eux-mêmes n’osent s’y aventurer. La raison ? La présence de la plus célèbre Cour des Miracles de la capitale et de sa communauté bigarrée de voleurs, bandits et prostituées. Ces clochards infirmes, mendiant dans les rues, récupéraient comme par « miracle » leur santé le soir venu, en ôtant bandages et béquilles. Véritable société en marge de la ville, la Cour possédait son Roi des Thunes et un langage que seuls ses habitants comprenaient. Le lieu est finalement détruit à la fin du 18e siècle, laissant place à un « chantier » de reconstruction. Ce mot serait à l’origine du nom actuel du quartier.
- La Cour des Miracles du Sentier
- Rue du Nil, 2e
- M° Sentier
La pointe Trigano
Les dénivelés du quartier sont un témoignage des quatrième et cinquième murailles bâties aux 14e et 16e siècles. En pleine guerre de Cent Ans, l’enceinte de Charles V est construite pour protéger Paris des Anglais. Plus d’un siècle plus tard, le mur des Fossés Jaunes (en raison de la couleur de la terre) consolide les défenses parisiennes. Par souci d’économie (les murs de pierres coûtent trop cher), on utilise les levées de terres et les voiries, amas de détritus laissés par les habitants depuis des décennies. On aperçoit ce dénivelé au niveau de la Pointe Trigano. Cet immeuble atypique est par ailleurs traversé quelques mètres plus loin par la rue des Degrés, plus petite rue de Paris.
- La pointe Trigano
- Croisement de la rue de Cléry et de la rue Beauregard, 2e
- M° Strasbourg-Saint-Denis
Le passage du Caire
Bâti à l’emplacement du Couvent des Filles-Dieu, on raconte que le dallage du passage proviendrait des pierres tombales des religieuses. En plein égyptomanie lors de sa construction en 1798 (la campagne d’Égypte de Napoléon a laissé des traces), on conçoit le passage comme le Grand Bazar du Caire. La façade de l’immeuble est couverte de hiéroglyphes fantaisistes, ornée de colonnes à chapiteaux-lotus et de trois têtes de la déesse Hathor, reconnaissable à ses oreilles de vache. Ces ornements sont encadrés par des fenêtres de style vénitien. Plus vieux passage de Paris, mais aussi le plus long avec ses 360 mètres, il est aujourd’hui occupé par des boutiques de grossistes en vêtements.
- Le passage du Caire
- 2 place du Caire, 2e
- M° Sentier